Tendances 2014 : La liberté du Net menacée ? #LSDLA

nsa-espionnageDans son article  paru dans la tribune.fr, Pierre Manière nous présente les nouvelles tendances 2014 et particulièrement les enjeux liés à la sécurité des données personnelles.

Aujourd’hui, la sécurité des données personnelles devient un enjeu mondial face aux intrusions révélées par l’affaire Prism. Comment réguler la liberté de l’Internet face aux géants mondiaux du secteur et aux États ?

L’article original est disponible ici.

2014 sonnera-elle la fin de la liberté sur Internet? Les données personnelles sont désormais à la portée de tous à travers nos posts sur Facebook, nos achats en ligne sur Amazon et nos recherches sur Google. Avec Apple, ces trois mastodontes américains font partie du « GAFA ». Tous collectent et analysent les informations personnelles à des fins commerciales.

Or, en juin dernier, les révélations d’Edward Snowden sur l’affaire Prism ont jeté un pavé dans la mare, provoquant une énorme vague d’indignation : depuis 2007, la NSA et le FBI ont eu accès aux serveurs des géants nationaux du Web pour y consulter les informations sur leurs utilisateurs, dont ceux de l’Hexagone. Même les dirigeants européens auraient été écoutés.

Censurer certains contenus au besoin
Enjeu économique et de société, la régulation du Net et la protection des données sont donc devenues un objet de débat ultrasensible. Lors de la sixième World Policy Conference à Monaco, samedi 14 décembre, Carl Bildt, le ministre suédois des Affaires étrangères a jugé que « la prochaine bataille pour la liberté dans le monde sera la bataille pour la liberté d’Internet ». Il faut dire que certaines puissances émergentes, comme la Chine et la Russie, veulent enterrer le système de gouvernance actuel pour faire ce qu’ils veulent sur la Toile. Et au besoin, censurer certains contenus.

Au niveau européen, le sujet s’est mué en pomme de discorde. Au début du mois, Viviane Reding, la vice-présidente de la Commission européenne en charge de la Justice, a piqué une grosse colère contre les États membres.

« Les ministres ont reculé sur la protection des données », a-t-elle pesté sur Twitter dans la foulée d’une réunion avec les ministres de la Justice de l’UE.

« Le Conseil est entré en hibernation. » Ce qui, selon elle, met en danger le principe d’un « guichet unique » veillant à l’application des règles pour les transferts transfrontaliers de données personnelles collectées dans les pays de l’UE. Avec dans le collimateur, l’activité des géants américains du GAFA, qui ont engagé un bras de fer avec Bruxelles pour contrer la mesure.

En France, la loi de programmation militaire à la manoeuvre
En France aussi, les critiques fustigeant l’utilisation des données personnelles fusent. Et ce n’est pas l’adoption de la loi de programmation militaire (LPM) par le Sénat qui va calmer le jeu : le texte a obtenu le feu vert de l’institution le 10 décembre, au grand dam de nombreux acteurs du numérique. Ceux-ci pestent contre son article 13, qui vise notamment à renforcer l’accès des services de renseignements aux données informatiques. De leur côté, les entreprises tentent de jouer la carte de la transparence.

« Chez nous, les données sont confidentielles et appartiennent aux clients », insiste Yves Tyrode, directeur général de Voyage-sncf.com, un des poids lourds du e-commerce français avec 3,6 milliards d’euros de volume d’affaires en 2012.

Il prône une utilisation plus « éthique » de ces informations, pointant le risque d’une perte de confiance des utilisateurs, et donc d’un vrai risque en termes de business et d’image.

Autre enjeu, celui de la cyber-guerre et du cyber-terrorisme, avec l’apparition de « malwares », logiciels malveillants plus puissants que des bombes nucléaires, et capables de s’infiltrer dans les réseaux qui gouvernent les grandes infrastructures (eau, énergie, transports), capables aujourd’hui de détruire un pays de l’intérieur. Se prémunir de ces risques sera un des défis des années à venir.

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